L'échange interentreprises : zoom sur les Barter
Un service de nettoyage contre des paniers de légumes bio, des outils de communication contre des fournitures de bureau… le troc gagne désormais le monde des entreprises !
L’échange inter-entreprises appelé également « barter » ou « bartering » d’après l’anglais (troc en français), est une opération économique par laquelle une entreprise cède la propriété de biens ou délivre un service à une autre entreprise et reçoit en retour un autre bien ou un service. Ces transactions sont organisées le plus souvent au sein d’un réseau, d’un territoire ou d’une communauté d’entreprises préexistantes.
Les enjeux sont de taille : repenser la monnaie et les échanges B to B parfois devenus trop financiers et pas assez transactionnels. Ces systèmes d’échanges sont à la fois une innovation sociale pour les territoires et des opportunités de développement pour les entreprises.
Quels leviers pour une entreprise ?
- Valoriser des actifs non utilisés ou dépréciés
- Préserver sa trésorerie en finançant ses achats via l'échange
- Se faire connaître de nouveaux partenaires
- Développer des liens économiques locaux
- Ouvrir sa clientèle et bénéficier de nouveaux canaux de ventes
Quels impacts positif ?
- Soutenir / consolider les acteurs économiques du territoire
- Supporter l’économie locale en participant à un mode de commerce innovant basé sur la confiance.
Pour en savoir plus, consultez le guide des échanges interentreprises de biens et services (2013)
Ce type d’échange barter peut s’adresser à toutes les entreprises mais attirent plus les TPE et PME qui rencontrent souvent des problèmes de liquidités et recherchent un complément de croissance en travaillant en réseau et de façon collaborative. Aujourd’hui, les perspectives de développement de ces échanges sont importantes : 65 % de PME françaises seraient intéressées par ce mode de transaction (d’après une étude d’EDC Consulting )
Il n’existe pas qu’un seul type de Barter, les modes d’échanges interentreprises peuvent se décliner en différents systèmes. Par l’exemple, ces échanges peuvent s’organiser de gré à gré, entre des entreprises qui entretiennent déjà des relations commerciales ou par l’intermédiaire d’un acteur tiers. Avec l’essor des fintech, plusieurs outils ont ainsi été développés pour faciliter ces transactions. C’est le cas des plateformes d’échanges dématérialisées qui jouent le rôle d’interface entre membres d’un réseau.
L’objectif de ces plateformes de barter est de réunir à l’intérieur de leur réseau le plus grand nombre possible d’entreprises pour multiplier les opportunités d’échanges entre adhérents.
France barter
France Barter est une coopérative qui propose l’échange de biens et de services sur un réseau online, entre entreprises de taille et d’activités différentes. En France, cette coopérative est devenue leader du marché sur les TPE/PME.
France Barter permet d’échanger via la valorisation de la transaction par une unité de compte, le barter euro. Les entreprises ayant des offres attractives sur le réseau peuvent acheter avant de vendre et deviennent des lors en débit Barter le temps de rembourser "en nature" ce débit par la réalisation de ventes auprès des membres du réseau. Le principe est assez simple : une société A a un besoin, une société B propose un service, A achète en Barter (1 € = 1 Barter€) le service à B, puis B peut acheter un bien ou un service à C et A proposer à son tour un service à D… Et ainsi de suite.
Aujourd’hui France Barter compte dans son réseau des entreprises, des indépendants, des PME/TPE, des associations, coopératives, et grands groupes… et cette richesse et diversité multiplient les opportunités d'échanges.
Tréso-Rézo désormais Aurex
Tréso-Rézo, porté La Poussada, est un Réseau local de troc inter-entreprises. Ce réseau est ouvert à tout type de personne morale ayant une activité économique et exerçant son activité sur la région Auvergne-Rhône-Alpes : PME expérimentées, jeunes entreprises, indépendants, structures de l’économie sociale et solidaire… Tréso’rézo s’était initialement ancrée sur le territoire de l’agglomération grenobloise, avec pour objectif de contribuer au développement local et de s’adapter aux problématiques des acteurs économiques locaux. Cette première plateforme expérimentale a incité à élargir le réseau sur le territoire, qui a donc été repris par l’association Aurex en 2018, pour développer ce système d'échanges et de coopération inter-entreprises en AuRA.
Repenser les échanges : zoom sur les monnaies locales
Repenser les échanges c’est aussi repenser la monnaie. Un pari relevé par les monnaies locales, créées pour développer le commerce et les échanges sur un territoire délimité. Ces monnaies servent des projets à vocations sociales et/ou environnementales. Ce sont des monnaies complémentaires, qui n’ont pas pour objectif de remplacer les monnaies classiques.
La Gonette : Monnaie Locale et Citoyenne de la région lyonnaise.
La Gonette est une monnaie engagée, elle porte une démarche citoyenne, dans le but de relocaliser des échanges économiques sur la région lyonnaise, elle encourage un esprit de solidarité et d’équité pour tisser un lien social juste et chaleureux, et valorise les aspects humains et écologiques. Pour les entreprises qui souhaitent s’engager sur le territoire lyonnais, c’est un véritable outil efficace et générateur d’opportunités.
Cette association a identifié plusieurs enjeux auquel elle tente de répondre :
- Ralentir l’hémorragie financière
- Soutenir les acteurs économiques locaux et en transition
- Renforcer la résilience et dynamiser l’économie locale
- Transférer l’argent vers les banques éthiques
- Se réapproprier du pouvoir d’agir
- Identifier rapidement les acteurs engagés dans la transition
Les professionnels utilisant la Gonette sont des acteurs du territoire tels que des commerces de proximité (bars, restaurants, journaux, épiceries, salons de coiffure, etc.), des entreprises, des artisans et des professions libérales (paramédical, plombiers, couturières, peintres, etc.), des producteurs (paysans, pêcheurs, artisans d’art, etc.), associations (loisirs, sports, activités culturelles, comités des fêtes, festivals, etc.), des collectivités territoriales (piscine municipale, transports, activités culturelles, cantine scolaire, etc.), etc. qui font la richesse du réseau.